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Edith Rémond décorée de la Légion d’honneur : le discours de la cérémonie


11 juin 2013 /

Vendredi 07 juin 2013, Edith Rémond a reçu les insignes de chevalier de la Légion d’honneur des mains d’Anne-Marie Cocula, professeur émérite des Universités et vice-présidente du Conseil régional d’Aquitaine.




Ancienne directrice de l’IUT de journalisme de Bordeaux puis de l’IJBA, Edith Rémond a dévoué l’essentiel de sa carrière à la formation des journalistes et à la création d’une école dans le centre-ville de Bordeaux.

Vendredi 07 juin 2013, Edith Rémond a été décorée de la Légion d’honneur par Anne-Marie Cocula, en présence de nombreux collègues, de professeurs, actuels et anciens, d’amis et de proches ou encore de personnalités du monde des médias et de la politique passées par l’IUT de journalisme de Bordeaux.

Lors de son discours que nous reproduisons intégralement ci-dessous, Edith Rémond a invité la 2 000ème diplômée de l’école à la rejoindre sur le plateau TV de l’IJBA. Elle a particulièrement rappelé le rôle historique de Pierre Christin qui ne pouvait être présent lors de cette cérémonie mais qui avait transmis un texte rappelant l’implication de toujours d’Edith Rémond pour cette école.

L’association des diplômés de l’IUT de journalisme de Bordeaux et de l’IJBA réitère toutes ses félicitations à Edith Rémond pour cette distinction qui honore son abnégation et son implication de toujours dans la formation des journalistes issus de Bordeaux.

Le discours d’Edith Rémond

Madame la professeur, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs,

Lucien, Marcus, Lison , Marilou,

Je ne suis pas très familière des cérémonies de remise de décorations mais j’imagine que la grande crainte du public c’est que les discours soient longs, très longs, trop longs. En bonne journaliste, je vais donc essayer de faire court.

Ce n’est pourtant pas l’envie qui me manque de vous raconter la formidable histoire d’une petite école de journalisme née malingre, à la veille de mai 68, et devenue l’Institut aujourd’hui respectable que vous connaissez. Sur ce sujet là je suis intarissable. Vous le savez bien : je vous en ai tant parlé !

Mais, consciente qu’à travers mon nom, cette décoration salue le travail de celles et ceux qui ont œuvré pour la hisser vers la reconnaissance et l’estime dont elle jouit aujourd’hui, je veux plutôt saluer et honorer mes compagnes et compagnons de route et de labeur et partager avec eux la distinction qui m’est remise.

Et d’abord avec le premier d’entre eux. Celui qui en a planté des fondations si solides, qui en a tracé la direction et en a affirmé les valeurs, celui qui racontait récemment - je le cite : « Tout s’est mis en place sur le tas, de manière improvisée. Nous n’avions même pas de salle et on m’avait installé dans la salle des moulages antiques...Je donnais mes cours entre la Victoire de Samothrace et la Vénus de Milo : nous avions réussi à rameuter une vingtaine d’étudiants. Le téléscripteur était installé dans les toilettes, juste à côté. Il n’arrêtait pas de faire tic-tac, tic-tac, on avait l’impression, pas tout à fait erronée, qu’une bombe à retardement avait été déposée dans la vieille fac de lettres poussiéreuse... ». Mesdames et messieurs, je vous demande d’applaudir notre maître à tous : Pierre Christin.

Sous sa direction, la mienne et les suivantes, il est, dans une école, des acteurs de l’ombre, des petites mains, payés des clopinettes, sans qui nous ne serions pas réunis aujourd’hui. Dans notre monde, on les appelle les personnels IATOS. Ce sont les secrétaires, les techniciens, les agents d’entretien et de service. Pas nombreux mais si vaillants. Ils vous accueillent le matin d’un bonjour souriant, ils ont préparé le café et, tout au long de la journée, ils tiennent la boutique, nous alertent quand quelque chose ne va pas, réparent le matériel, restent le soir pour nous aider quand nous sommes débordés. C’est aussi à Virginie, Nathalie, Mayalen, Marco et Samir et à celles et ceux qui les ont précédés, Christian, Maryvonne, Dominique, Christine, qu’elle va, cette Légion d’honneur.

Je la partage encore avec les diplômés et les étudiants bien sûr. Des jeunes qui viennent chez nous pétris de l’envie de « rencontrer les gens », comme ils disent, de comprendre ce monde et d’en livrer au public les témoignages qu’ils glanent. Des jeunes courageux pour la plupart, talentueux quelquefois, qui se déploient dans cette école où s’accomplit leur deuxième naissance, leur naissance professionnelle, pour leurs dernières années d’études avant le grand bon dans un monde qui les inquiète. Mais dans lequel ils prennent leur place et y vantent inlassablement la formation qu’ils on reçue.

Nos diplômés sont nos meilleurs - et nos seuls - ambassadeurs. C’est à cause d’eux que frappent encore cette année à la porte 840 candidats pour occuper une des 36 places dont nous disposons dans nos salles de cours. Merci à toi, Frédéric, qui les représente ici aujourd’hui, d’entretenir, si discrètement mais si efficacement, le lien avec ceux que nous appelons les « anciens ». Et sur ce sujet, je vous l’annonce en exclusivité mondiale : nous délivrerons à la fin de cette année universitaire notre 2000ème diplôme de journaliste formé à Bordeaux. La lauréate de ce numéro gagnant répond au joli nom de Clémence Bohême. Ce fut un doux bonheur de l’avoir chez nous pendant deux ans. Clémence, merci pour tout et bonne route.

Je partage enfin l’honneur qui m’est fait avec les enseignants - permanents, occasionnels, universitaires, professionnels - qui ont accompli avec nous un bout du chemin. Avec un remerciement particulier à celles et ceux des premières années : Noël Mamère et Gérard Valles par exemple. Quand nous n’étions rien. Quand personne ne nous connaissait. Quand, lors de mes visites dans de prestigieuses entreprises de presse nationales, on me disait : « Une école de journalisme à Bordeaux ! Quelle drôle d’idée ! Et un IUT ? Ah ben ça c’est original ! » ou qu’un rédacteur en chef, alors que nous sortions de son bureau où je lui avais parlé de nos étudiants avec enthousiasme, a attrapé un hors série de son journal et m’a dit en me le tendant : « Tiens, prenez ça ! Comme ça vous ne serez pas venue pour rien ! ». Quand autour de nous des universitaires vociféraient que nous formions « les valets du patronat » pendant que des rédacteurs en chef pensaient que nous étions une pépinière de « journalistes bourdieusiens » et que d’autres encore nous exhortaient à former ceux qu’ils appelaient « les sentinelles de la démocratie ».

Dans ce tumulte, d’autres ont poussé la porte et investi souvent le meilleur d’eux-mêmes dans les salles de cours, dans les studios et les productions de l’école, ont participé à nos discussions, réfléchi avec nous, accompagné et soutenu nos projets. Ils l’ont bien méritée aussi, la Légion d’honneur. Comme ceux qui, de plus loin, veillaient sur nous : Alain Chanel, le directeur de l’excellent CUEJ de Strasbourg, si complice et qui nous fut si précieux, Patrick Pépin qui fit ses premiers cours de journalisme chez nous avant de diriger l’école de Lille, Marcel Desvergne qui eut l’excellente idée d’organiser à notre porte à chaque rentrée une manifestation où se bousculait tout ce que la presse comptait d’important.

Mais les plus belles histoires connaissent aussi de grands malheurs. Et je veux partager cette Légion d’honneur avec celles et ceux qui ne sont plus là. Avec ces diplômés morts au travail dans des accidents de bagnoles, d’hélicoptères, en couvrant des conflits internationaux ou de plus modestes informations locales. Avec celles et ceux que les années SIDA ont cueillis dans la fleur de l’âge.

Je ne veux pas plomber l’ambiance mais je ne peux pas aujourd’hui être ici devant vous, à cette occasion, sans évoquer la mémoire de trois personnes qui, chacune à leur place, ont beaucoup compté pour nous, pour moi :

- la première est une secrétaire qui a travaillé huit ans à nos côtés sur le campus universitaire. Elle s’appelait Martine Faner. Elle était énergique et radieuse. Une longue maladie, comme disent les journalistes, nous l’a enlevée. Je ne crois pas que nous en soyons remis.

- Le deuxième est un patron de presse qui, lui, a toujours été attentif à notre travail, se préoccupant de nos soucis, nous interrogeant pour savoir comment nous nous y prenions, parlant avec nous de son journal et de ce qui pourrait le rendre meilleur, oeuvrant en coulisses pour que notre projet de bâtiment voit le jour. Il s’appelait Jean-François Lemoîne et il nous manque aussi.

- Le troisième est l’homme de ma vie : Jean-Pierre Galy. Il a toujours travaillé dans le privé. Il s’étonnait beaucoup des difficultés à conduire une formation au journalisme dans le service public. Il aurait sûrement préféré que je partage avec lui davantage de temps. Mais il a toujours été respectueux de ma passion pour mon travail et je ne serais pas la femme que je suis si je ne l’avais pas eu à mes côtés.

C’est d’ailleurs aussi un peu à cause de lui que j’ai accepté cette décoration. Car la seule photo de son père - dont il n’avait pas de souvenirs et qui avait pourtant tant compté - la seule photo donc, que nous avions à la maison était celle-ci : c’est une photo sur laquelle on le décore de la Légion d’honneur. « A titre militaire » me disait Jean-Pierre fièrement. Et bien, tu vois, Jean-Pierre, elle est aujourd’hui au revers de ma veste, cette légion d’honneur, certes pas à titre militaire. Mais tes petites filles pourront quand même aller étudier à la Maison d’éducation de la Légion d’Honneur et tu penses bien que ça les faire rêver !

Encore un mot tout de même pour dire à mes trois enfants ici présents que, malgré l’énergie et le cœur que j’ai mis dans cette école, ma plus grande fierté et ma plus belle histoire d’amour, c’est eux.

Merci à vous tous, mes amis, de m’avoir soutenue, d’être présents aujourd’hui. Et maintenant allons boire à la santé présente et surtout à venir de l’IJBA et de tous ceux qui l’aiment.


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Avec nos remerciements à Sud Ouest pour les photos d’archives.









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